Madeleine, en latin Magdalene trouve une origine préhistorique dans la langue guanche, magada signifiant vierge, prêtresse.
Magada était aussi une déesse des Saxons qui a donné son nom à la ville saxonne, Magdebourg. Plusieurs autres noms de lieux proviennent du nom et du culte de cette déesse. Révérée des anciens Saxons, selon Schedius, elle était représentée nue, debout sur un char, la tête ceinte d’une couronne de myrte, portant sur sa poitrine une torche ardente, tenant la figure du monde dans la main droite, et trois pommes d’or dans la main gauche. Derrière elle, trois jeunes filles, nues également, les mains entrelacées, tenaient des pommes qu’elles présentaient à la déesse. Magada, (magad) signifie vierge, pucelle, fille, en teuton, en mœsogothique, en allemand, en hollandais, en suédois, en danois, en islandais, en anglo-saxon et en anglais. Magada appartient aussi aux langues germaniques. Magdeburg, anciennement Magadabourg signifie le bourg de Magada.
Le prénom Madeleine (Magdalene) vient également du grec ancien Magdalené. Ce terme est l’association de mágadis (harpe) et lenai (bacchante). Madeleine désigne donc la fonction, le métier ou les attributs de cette vierge ou prêtresse. Il s’agit ici d’un titre religieux spécifique signifiant la « bacchante musicienne » ou la « vierge musicienne ». Celle qui portait ce nom savait donc jouer de la harpe. La fonction associée à ce prénom est représentée sur un vase d’Italie du sud venant de Campanie, une ancienne région colonisée par les Grecs, autour de Naples et du Vésuve (ci-dessus).
Mágadis
La mágadis est la cithare grecque, constituée d’un bras ou chevalet (magás = bras, chevalet) sur lequel sont tendues les cordes disposées par paires (dís = deux fois). Cette sorte de harpe possède dix paires de cordes ou doubles cordes. Chaque paire est accordée à l’unisson ou à l’octave. Chaque note sonore de la gamme, représentée par une corde, est associée symboliquement à une planète, en démonstration de la musique des sphères enseignée par Pythagore. La mágadis est un instrument de musique conçu pour représenter la création divine.
L’art sacré du monocorde pythagoricien
Le pincé de corde se fait en fonction de la syntonie vibratoire qu’il génère sur tel ou tel chakra. Ainsi, Pythagore établit une mathématique vibratoire universelle directement testée sur ses propres chakras et corps subtils. Les sonorités du monocorde pythagoricien ne sont donc pas une simple musique, mais une méthode de réalisation. Il s’agit d’une syntonie fréquentielle, harmonisant tous les corps subtils d’un être humain. Cette science protohistorique, encore connue et pratiquée par certains ordres sacerdotaux au Moyen Age, explique pourquoi Pythagore est représenté sur la Cathédrale de Chartres.
Ptolémée
Sept siècles plus tard, Ptolémée s’inspire des travaux pythagoriciens mais sans en connaître toutes les arcanes. Il mélange donc métaphysique et astronomie mais nous donnent des indications précieuses sur la pensée antique du Maître.
Le modèle géocentrique de Ptolémée ne doit pas être vu comme un traité d’astronomie. D’ailleurs, peu de choses coïncident avec les données modernes relatives à notre système solaire. En fait, Ptolémée s’inspire de valeurs pythagoriciennes subtiles. Ainsi, le géocentrisme de Ptolémée doit être vu comme un mandala, une représentation parfaite de l’univers. L’homme doit s’inspirer de cette perfection, s’y accorder pour parfaire le monde et lui-même.
Le corps subtil du cosmos
Le mandala de Ptolémée emprunte à Pythagore les vitesses de rotation des différentes planètes autour de la Terre. Le soleil est ici considéré comme une planète. La Lune est la plus rapide, ensuite viennent par ordre de vitesse décroissante : Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Chaque planète dans sa révolution génère une bande de fréquence. Or, si l’on représente toutes ces bandes planétaires, on obtient par couches successives la totalité des bandes qui composent notre voûte céleste jusqu’à l’étoile polaire. Ainsi s’établit l’ordre mathématique vibratoire subtil du cosmos imprégnant la Terre et les hommes.
Comment s’y accorder ?
La harpe mágadis intégrait dans sa structure et le nombre de ses cordes toutes les fréquences du corps subtil du cosmos pythagoricien. Ainsi, les deux plus petites cordes d’une harpe reproduisaient la fréquence subtile de la Lune, les deux suivantes un peu plus grandes, celle de Mercure, et ainsi de suite pour Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Ainsi, la harpe offrait une sonorité en phase avec tous les corps subtils cosmiques jusqu’à l’étoile polaire. L’usage sacré de la harpe permettait donc d’harmoniser les corps subtils de la Terre, de l’être humain et du cosmos. Bien que nous ayons perdu presque tout ce cette science sacrée protohistorique, nous pouvons en décrire les grands principes à partir du mandala de Ptolémée. La mágadis permettait de se connecter vibratoirement à l’univers et aux Dieux.
Les musiciennes de la déesse Héra à Samos
La harpiste était appelée psaltria, en référence à la famille d’instruments musicaux appelée harpe (latin : psalterium ; grec ancien : psaltérion) à laquelle appartient la catégorie des mágadis. Elle chantait des psaumes en s’accompagnant d’une harpe. Le mot psaltérion (psállô – téras) signifie faire vibrer en pinçant la corde. Le chant d’accompagnement était un psaume ou une psalmodie (psalmoidía = chanson, chemin méthode, ode). Les psaumes étaient chantés au temple d’Héra à Samos. Il s’agissait d’une discipline initiatique destinée à faire vibrer le canal central subtil comme une corde, afin de recevoir les signes des dieux. Le psaume était une ode chantée constituée de trois parties : une strophe, une antistrophe et une épode. L’antistrophe était un renversement de la strophe qui pouvait se faire de deux façons : par anagramme ou contrepèterie. Cet exercice spirituel était aussi une méthode permettant d’entretenir un canal (hodós en grec) de communication divinatoire avec les dieux.
La magie de la psaltria
La psaltria tenait la caisse de résonance de la harpe contre son corps, faisant ainsi vibrer ses corps subtils. Alors se déployait la magie de la musique. La musicienne était une magicienne (mágos en grec) ; mágos est d’ailleurs l’anagramme de gámos qui signifie union intime, mariage, ici avec les dieux.
La muse musicienne recevait aussi les paroles de ses chants par inspiration divine. Elle les accompagnait avec la musique de sa harpe. Ces chants musicaux étaient des psaumes. Le grec ancien muse (Moûsa) est l’anagramme de Samos (Sámos) qui est une île au large d’Éphèse. Elle était très célèbre, à cause de l’Héraion qui était le plus grand temple de l’antiquité consacré à la déesse Héra. Les musiciennes étaient donc les prêtresses de la déesse Héra, qui demeurait dans son paradis sur l’île sainte de l’étoile polaire. Elles recevaient ses messages dans le temple sous forme de poèmes chantés.
© R. Skotarek et F. Morin,
Morphéus n°117, mai-juin 2023