À partir de 1975, l’URSS a développé de nouvelles recherches en magnétohydrodynamique (MHD). Il s’agissait d’étudier la croûte terrestre et de prévoir les séismes. Les Soviétiques étudièrent la possibilité de provoquer de petits séismes pour en éviter un grand. Ces recherches furent bientôt militarisées. Elles aboutirent à la construction de Pamir, la machine à tremblement de terre aussi nommée générateur de Pavlosky. Lors du démantèlement de l’URSS, des responsables de ce programme décidèrent, par appât du gain, de passer aux Etats-Unis mais leur recherche étant inachevée, le Pentagone refusa de payer. En 1995, alors que la Russie était gouvernée par Boris Eltsine et l’oligarque Viktor Tchernomyrdine, l’US Air Force recruta les chercheurs et leur laboratoire à Nijni Novgorod. Ils y construisirent une machine beaucoup plus puissante, Pamir 3, qui fut testée avec succès. Le Pentagone acheta alors les hommes et le matériel et les transporta aux USA, où ils furent intégrés au programme HAARP.
Jean-Pierre Petit nous explique brièvement comment fonctionne un générateur de Pavlosky :
« En 1983, je me rends à un colloque de magnétohydrodynamique à Chicago. Il y avait peu d’Américains et beaucoup de Russes étonnamment. Je vois alors un générateur de Pavlosky. Ils sont facilement transportables sur camions. Ces générateurs fonctionnent pendant un temps limité une minute ou deux. Ils sont composés de bobinages magnétiques qui marchent par auto-excitation. Ces installations sont capables de produire des dizaines de mégawatt.
« Alors, comment fonctionne une arme sismique ? On met des électrodes dans le sol à différents endroits et, avec les générateurs Pavlosky, on fait passer des milliers d’ampères dans ces tiges. On crée ainsi une ébullition des eaux souterraines. Si on a une nappe phréatique à 150 m de profondeur, on crée une force qui peut, si elle est proche d’une faille naturelle, faire glisser les couches terrestres en tension et, créer ainsi un tremblement de terre. Ce mécanisme évoque le revolver, vous avez une énergie très faible pour appuyer sur la détente. On développe quelques dizaines de mégawatt mais ce n’est rien du tout comparé à ce qui va être déclenché. On peut ainsi générer un gigantesque séisme sur une faille géologique… » Jean Pierre Petit physicien au CNRS.
Morphéus n° 116, mars 2023