Il y a deux formes de fascisme. Le premier consiste à unifier par la force et la terreur un peuple, autour de la sacralisation d’une idéologie triviale.
La seconde forme de fascisme est beaucoup plus subtile, bien plus insidieuse et démiurgique. Elle consiste, en un premier temps, à atomiser le corps social en magnifiant l’égotisme et le plaisir immédiat. On forge l’opinion à l’idée que les lois naturelles sont fascisantes car elles imposent des règles biologiques qu’il faut dépasser. Pourquoi une femme devrait-elle toujours enfanter ? Pourquoi un homme ne devrait-il pas être enceint ? En rompant tous les ponts avec la réalité biologique reproductive, on ouvre progressivement la voie à l’idée de reproduction artificielle. Fabriquer l’humain en s’appuyant sur les sciences génétiques, devient bien plus viable que la gestation naturelle, aléatoire et dangereuse. A ce point d’avancée de l’opinion, obtenu par ingénierie sociale et psychotronique de masse, des lois visant à proscrire la reproduction et la gestation naturelle seront édictées.
C’est alors que surgiront les vieux serpents de mer technofascistes s’emparant du monopole de la gestation artificielle. Ces créatures hideuses auront alors ce qu’elles recherchaient, à savoir, le pouvoir démiurgique de créer une race humaine docile, obéissante et esclave. Ce coup d’état, sur la vie même, est bien plus terrifiant que toutes les dictatures politiques que l’humanité ait jamais connues.
Frédéric Morin
Morphéus n°118, juillet-août 2023