Les historiographes chrétiens racontent l’histoire de Bibiane, une vierge romaine ayant vécu aux environs du IVe siècle, sous le règne de l’empereur Julien l’Apostat. Elle a été suppliciée après la mort de sa mère Dafrosa et de sa sœur Demetria. Les historiographes accusent l’empereur de sa mort. Elle a été attachée à une colonne symbolisant un arbre et fouettée avec des lanières plombées. Bibiane a été déclarée vierge, sainte et martyre par l’église romaine. Les trois femmes formaient une triade. Elles avaient choisi volontairement leur patronyme pour indiquer qu’elles pratiquaient la même doctrine.
Dafrosa est un prénom latin issu du grec ancien Aphrodisia qui désignait les Aphrodisies ou fêtes d’Aphrodite. Ces fêtes annuelles avaient lieu dans plusieurs villes grecques et les plus célèbres étaient celles de Paphos à Chypre, au temple d’Aphrodite. Saint Clément d’Alexandrie les accusait d’impudicité. Les candidates à l’initiation aux mystères d’Aphrodite recevaient un phalle en présent de la déesse. Le phalle était une représentation artistique du phallus en érection, semblable au yoni-lingam de Shiva.
Démétria est un prénom féminin d’origine grecque signifiant « les trois Déméter ». Sa signification peut être précisée car la déesse Démeter était la tante mère. Démétria signifiait donc les trois tantes mères. Tout comme sa soeur, Démétria a été déclarée vierge, sainte et martyre par l’église romaine. Le nom porté par cette jeune femme était celui de la fête grecque des Démétria, célébrée en l’honneur de la déesse Déméter à Eleusis. Ces fêtes très anciennes furent les premiers jeux publics célébrés en Grèce. Les Démétria célébraient le don du fruit de Déméter qui était le grain de blé. Elles duraient dix jours et avaient lieu au moment des semailles. Pendant cette fête, les hommes se fouettaient réciproquement avec des lanières tressées faites de brindilles souples d’osier. Symboliquement, ce rite non sanglant visait à les purifier.
Bibiane, Dafrosa et Demetria pratiquaient les rites de fertilité du Paganisme ancien. Le rituel païen de fertilité à la Déesse Déméter était connu des Chrétiens. Ils les supplicièrent en rejetant la faute sur l’empereur païen Julien l’Apostat. Leur manière de faire témoigne de leur connaissance de la tradition féminine qu’ils inversèrent. L’arbre cosmique reliant l’étoile polaire à la Terre fut transformé en poteau de torture. Les lanières d’osier souples de purification symbolique traditionnelle furent remplacées par des lanières de cuir plombées visant à blesser et à tuer. Les Chrétiens connaissaient donc la sorcellerie du plomb appartenant à la tradition païenne démoniaque. Leur façade chrétienne cachait en réalité le Paganisme dévoyé et sanglant dont ils étaient secrètement adeptes. Après les avoir tuées, ils les ont canonisées au profit de l’Église Romaine. C’était une manière d’assimiler leurs noms, leur mémoire et d’emprisonner leurs âmes.
Au prétexte de lutter contre les Païens, les Chrétiens pratiquaient en réalité la sorcellerie du paganisme noir visant à détruire toute théocratie féminine. Il inventèrent, par inversion des rites de la tradition féminine, un nombre incalculable de supplices spécifiquement réservés aux femmes et à leurs enfants. Les maternités sacrées, une fois découvertes, étaient transformées en salle de torture. Du fait de leurs méthodes perverses et de la manière de camoufler leurs crimes, ils étaient nommés par les tenants de la tradition : « les sorciers à la croix ». Toutes leurs exactions relevant du mensonge et de la pire sorcellerie ont été cachées durant 2 000 ans.
Leur stratégie répressive et perverse a été utilisée de manière systématique contre les antiques triades de prêtresses. Nombre d’entre elles, après avoir été massacrées, ont été intégrées à la longue liste des Saintes martyres de l’Église Romaine. Ce que les Chrétiens ont fait à Rome s’est étendu à tout l’Empire, et particulièrement en Gaule, jusqu’à notre époque contemporaine.
Aujourd’hui, nous nommons ces pratiques et rituels sanglants « Chrétienté terrible ». De nombreux témoins contemporains affirment qu’ils ont été, dès leur naissance, ritualisés par d’abominables pratiques de sang et de sacrifices dans des édifices chrétiens. À ce propos, Morphéus dispose de témoignages si insoutenables, que nous n’avons pas jugé productif de les publier en l’état. Tous ces rituels « paganistes noirs » de « l’église chrétienne profonde » procèdent par inversions des rituels de la théocratie féminine originelle. Il va nous falloir étudier l’innommable et expliciter comment ces rituels ont été conçus pour salir et bloquer la tradition primordiale féminine. La guerre contre la spiritualité originelle, source de toutes les religions et philosophies, est toujours d’actualité.
© Romuald Skotarek & Frédéric Morin
Morphéus n° 122, mars/avril 2024