M. François Autain, Sénateur, appelle l’attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur l’efficacité des décisions prises alors qu’une menace pandémique vient d’être déclarée. Celles-ci porteraient sur la constitution de doses du médicament antirétroviral Oseltamivir (Tamiflu®) et de vaccins. Or, il note que le Tamiflu®, mis sur le marché en 2004 alors que l’Organisation mondiale de la santé pressait les pays développés comme la France à constituer des réserves de ce médicament afin de pouvoir traiter au moins 25 % de la population, n’a eu face au virus H5N1 aucune efficacité supplémentaire par rapport à un placebo. Plus grave, son administration a entraîné au Japon des mutations inquiétantes du virus.
Aussi, alors que la menace potentielle de pandémie H1N1 a été reconnue à la fin du mois d’avril dernier, il constate qu’il n’a pas fallu plus de deux jours à l’Organisation mondiale de la santé pour affirmer que le Tamiflu® constituait un traitement efficace. Cette information était visiblement prématurée si l’on considère les déclarations de la directrice d’une unité de recherches de l’Institut Pasteur qui a précisé au début du mois de juin qu’un autre virus H1N1 était majoritairement résistant au Tamiflu®. Au même moment, il a appris par voie de presse que le gouvernement songeait à mettre en place une campagne de vaccination contre la grippe H1N1 pour un coût total d’un milliard d’euros. Il est surpris de ce choix dans la mesure où les campagnes de vaccination préventive, menées dans des pays comme la Chine, l’Indonésie, le Vietnam ou l’Égypte pour se prémunir du virus H5N1, se sont soldées par un échec puisqu’elles n’ont pas permis la maîtrise de la grippe aviaire tant chez les volailles que les hommes. En outre, il lui rappelle que la survenue de nouvelles pandémies n’est pas une surprise pour les professionnels de la santé publique : les conditions d’élevage intensif y participent et c’est la raison pour laquelle l’American Health Public Association a appelé en 2003 à un moratoire sur les élevages industriels. Il est dans ce contexte notable que le premier cas de grippe H1N1 a été observé chez un enfant au Mexique habitant à proximité d’une porcherie produisant près d’un million de porcs par an.
Dans ces conditions, il souhaite savoir ce qu’elle compte mettre en œuvre afin de permettre une lutte efficace contre la survenue des pandémies et si, dans la mesure où elle opterait in fine pour une double campagne de vaccination contre la grippe saisonnière d’une part et la grippe H1N1 de l’autre, elle estime nécessaire et possible de faire mener au préalable des études bénéfices/risques sérieuses, sachant que ce type de vaccins n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité pour la grippe saisonnière et que de telles vaccinations, via le phénomène de commutation, peuvent favoriser la sélection de virus plus virulents et plus agressifs.
François Autain Sénateur