L’affaire Merah, avec ses trous d’ombre, ses contradictions, ses invraisemblances et tous les couacs de la communication officielle, était potentiellement explosive. C’est une affaire d’Etat ! Elle ne le sera pas, au moins pour le moment ! Parce que tout bonnement la presse libre, celle qui s’adresse et s’impose au grand public, n’existe plus dans ce pays. Ajoutons que les rares esprits dissidents ou indépendants sont renvoyés illico à leurs jeux de billes… ainsi les chefs de nos services de renseignement (DGSE et DCRI) ne seront pas entendus au Sénat par une commission ad hoc, les ministres de l’Intérieur et de la Défense, MM. Guéant et Longuet, ayant mis leur veto à une quelconque audition au motif que l’affaire Merah serait couverte par le « Secret Défense ». C’est tout dire !
Le couvercle se referme donc de façon hermétique sur les tenants et les aboutissants (que nul ne doit connaître), d’une affaire arrivée singulièrement à point nommé pour redistribuer les cartes d’une campagne présidentielle mal engagée… pour le tenant du titre ! Une affaire également profitable à son challenger d’extrême gauche, M. Mélenchon, baudruche révolutionnaire et figure archétypique du « système démocratique » dans toute sa vile démagogie… Système verrouillé à l’absolu, dans lequel aucun choix véritable n’existe, conçu à la perfection qu’il est pour légitimer l’une des variantes proposées de la peste ou du choléra.
Une presse absente
Certes, si la presse faisait en effet son travail et si elle accomplissait sa fonction sociale et politique, à savoir être l’un des pivots sur lequel repose l’État de droit, l’affaire Merah n’en serait pas restée là… Publicistes et opposition auraient réclamé à cor et à cris des éclaircissements au gouvernement sur ce terroriste présumé (puisque non jugé, il est et restera présumé coupable, rien de plus, rien de moins), sur son parcours, sur ses liens établis avec la Direction centrale du renseignement intérieur et son étrange patron impliqué indirectement dans l’affaire de concussion Woerth-Bettencourt… Ce qui en dit long sur les méthodes en vogue au sein de nos Services !
M. Squarcini (nous ne lui ferons aucun procès d’intention), « né en 1955 à Rabat au Maroc au sein de la communauté juive franco-marocaine », ci-devant Directeur du Renseignement depuis le 2 juillet 2008 sur décision personnelle du Président Sarkozy, semble mû par l’unique souci, voire l’obsession de fliquer, sous couvert de lutte contre l’islamisme et l’antisionisme, les derniers des Mohicans nationalitaires hexagonaux… On pourrait légitimement imaginer que les préoccupations premières d’un grand Service de la sécurité intérieure (ayant opéré la fusion, le 1er juil. 2008, des Renseignements généraux et de la Direction de la surveillance du territoire), ne sont pas en priorité le fichage et le pistage des gens de presse (comme dans le dossier Woerth-Bettencourt) ou d’une poignée de patriotes plus ou moins ultra, ce qu’à Dieu ne plaise… mais la féroce répression des trafics de drogues, d’armes et d’êtres humains qui enrichissent la pègre multiconfessionnelle qui pullule sur le territoire national, en un mot, les formes aiguës, diverses et variées de la criminalité organisée transfrontières… Que nenni ! Comme le montre si bien le cas Merah (agent notoire de la DCRI jusqu’à preuve du contraire), qui n’est devenu « le suspect » de dernier ressort qu’après l’abandon de la piste d’extrême droite privilégiée de prime abord… et tout au long de l’enquête préliminaire.
La question n’est plus de savoir qui est Merah, mais quel a été son rôle exact.
Il est vrai que des faits troublants ont pu en effet égarer les enquêteurs de base… Ainsi la description (crédible) du témoin Martine, bousculé par le tueur lors des assassinats de Montauban ne concorde pas du tout avec celle de Merah : un homme plutôt trapu, aux yeux clairs, le type même du tueur professionnel qui reprend son avion aussitôt vers son Caucase natal une fois son « contrat » rempli…
Témoignage capital passé à la trappe
Le 18 mars, La Dépêche du Midi donnait la parole à un témoin vite passé à la trappe parce qu’incongrue avec la version ultérieure, et médiatiquement admise, de la tragédie toulousaine… Martine « d’une voix troublée par l’émotion lâche cette phrase qui laisse tout le monde sans parole » : « J’ai vu le tueur des parachutistes ». « Il est alors 17 heure à Montauban, à quelques mètres à peine de l’endroit où trois parachutistes du 17e RGP ont été mitraillés en tout début d’après-midi »… Martine : « Je faisais des courses. Je sortais de la pharmacie, j’allais au bureau de tabac lorsque le tueur m’a bousculée. Il s’est retourné et, dans le mouvement, la visière de son casque s’est relevée de quelques centimètres. J’ai alors aperçu un tatouage ou une cicatrice au niveau de sa joue gauche. J’ai aussi entrevu ses yeux à travers la visière. Il avait un regard froid, d’une lucidité effrayante. Un regard que l’on n’oublie pas… Il était de taille moyenne, un mètre soixante-dix environ et assez corpulent ». Martine est-elle une affabulatrice ? Exit ce témoignage passé par pertes et profits.
Merah entendait se rendre ? !
N’en reste pas moins quelques faits troublants, hélas pour l’heure invérifiables. Sous le titre « Merah : des vidéos qui accusent la police ? » Le Parisien du 2 avril signale que Zahia Mokhtari, avocate algérienne du père de feu Merah, affirme détenir une vidéo sur laquelle Merah aurait dit aux policiers « Pourquoi vous me tuez ? Je suis innocent ». Vrai ou faux, cela pourrait aller dans le sens de ceux – mais tous les délires ne sont-ils pas permis ? – qui penchent pour la liquidation de Merah lorsque celui-ci avait annoncé son intention de « se rendre » aux forces d’intervention… deux coups de feu avaient alors claqué selon les journalistes présents sur les lieux ! Car l’histoire épique de Merah essayant de sauter du balcon le corps criblé de balles (28 impacts notamment dans les bras et les jambes) ne tient raisonnablement guère la route. D’abord, au vu de l’exiguïté du dit balcon sur lequel se serait tenu le chef du Raid, le contrôleur Hautecloque. Une photo de la façade remet en effet sévèrement en cause la (sa) version – de toutes façons arrangée – du dénouement d’un siège sans queue ni tête, ni rime, ni raison.
Des doutes légitimes autant que sans réponse, qui isolément pourraient à la rigueur « passer dans l’épaisseur du trait », mais dont l’accumulation finit par poser problème… sauf pour la presse toute occupée par l’installation de la « démocratie » en Birmanie et au Mali, avec à la clef, la rébellion targui, lourdement équipée par les salafistes d’Aqmi ( Al Qaïda au Maghreb islamique ), grâce aux armes prélevées dans les arsenaux de la Jamahiriya libyenne à l’occasion de son renversement… orchestré et soutenu par l’Otan, Londres, Washington et Paris. Des transferts d’armes que la presse unanime attribue aux « mercenaires de Kadhafi »… lequel, post humus, a vraiment bon dos !
Le passeport algérien de Merah… Et sa surprenante visite en Israël
Mohamed Merah, né en France le 10 octobre 1988 de parents algériens, possédait la double nationalité et… n’avait pas de passeport français (Liberté Algérie 29 mars) ! Le seul passeport valable dont il disposait était apparemment algérien, délivré par le consulat de Toulouse en juillet 2005 et renouvelé le 20 mars 2010. Quant au passeport français de Merah, délivré en 1998 à Toulouse, lorsque celui-ci était âgé de neuf ans, il avait expiré en avril 2008 sans être renouvelé ! Or Merah se serait rendu en Israël, État en guerre et n’entretenant pas de relations diplomatiques avec l’Algérie ? Mais il aurait également voyagé en Syrie, Jordanie, Irak, Afghanistan, Pakistan, et peut-être même en Iran, toujours avec un passeport algérien alors qu’il était sous surveillance (ou « suivi ») par la DCRI ? Très fort n’est-ce pas ?
France-Culture dans son journal de 18 heure, le 27 mars : « Merah s’est rendu trois jours en Israël, dans les territoires palestiniens, en 2010, affirment les sources de sécurité israéliennes ; il serait entré par un point de contrôle à la frontière jordanienne. Ce matin (mardi 27 mars) le journal italien « Il Folio » écrit que Merah voyageait avec la couverture des Services secrets français » ! « Information grotesque » répliquait aussi sec un porte-parole officieux de la DGSE par le truchement de l’AFP.
Bien sûr, la DCRI et la DGSE ont démenti comme il se doit, mais, pouvaient-ils faire autrement ? En fait, c’est un proche de Nicolas Sarkozy qui est nommément désigné pour avoir potentiellement envoyé Merah en Israël : Érard Corbin de Mangoux, préfet de son état, un civil paradoxalement directeur, également depuis 2008, d’un organisme au départ essentiellement militaire, la DGSE !
Dans un article assassin du journal Libération en date du 22 février 2011 (Les fiascos du renseignement français), celui-ci commentant les actuelles dérives de nos Services de Renseignement et de contre-espionnage, portait ce jugement d’expert : « Jamais, dans les dernières décennies, un bilan aussi négatif n’a pu être dressé pour ce qui a trait au domaine d’action des services spéciaux et de renseignement ». L’on n’est jamais si bien jugé que par ses pairs !
La rafle
Comme il fallait enfoncer le clou, après l’heureux et photogénique épilogue des tueries du Sud-Ouest, le vil assassin proprement liquidé comme un vulgaire Ben Laden et inhumé dans l’anonymat le plus strict (à défaut d’être englouti dans des abysses océaniques), les caméras de télévisions ayant été préalablement conviées (merveilleux hasard), le gouvernement s’applique désormais à redorer sa terne image par de spectaculaires opérations coups de poing dans les milieux réputés djihadistes… après avoir pitoyablement échoué en matière de chômage et d’emploi, sans doute escompte-t-il se rattraper sur le « sécuritaire islamique » façon Potemkine.
Le 31 mars (20 Minutes), une semaine après la fin pitoyable du multirécidiviste Merah, dix-neuf personnes, dont trois femmes, étaient interpellées à l’occasion d’un vaste coup de filet en Île-de-France, dans la région nantaise, dans l’agglomération lyonnaise, autant en Provence-Alpes-Côte d’Azur et à Toulouse, soit dix-sept islamistes radicaux présumés… certains « semblaient préparer un enlèvement ». Bigre ! En l’occurrence, le rapt d’un magistrat lyonnais marqué à gauche, l’ancien avocat de la pègre marseillaise Albert Lévy, poursuivi et renvoyé en correctionnelle à la fin des années 90 pour manquement à ses devoirs… bref un personnage glauque habitué des eaux troubles et saumâtres ! Des armes ont été trouvées, notamment deux ou trois fusils d’assaut, AK47… mais démilitarisés, autant dire des armes de décoration !
Forsane Alizza
Défendant « la continuité de l’action gouvernementale face au terrorisme », le ministre de l’intérieur, M. Guéant déclarait au Parisien le 2 avril) « que les membres de Forsane Alizza (le « réseau » démantelé) pratiquaient des entraînements physiques hebdomadaires qui peuvent s’apparenter à des séances paramilitaires ». M. Squarcini insistait quant à lui sur « la dangerosité » des membres de Forsane Alizza, « Les Cavaliers de la fierté ». On bosse (sic) sur eux depuis octobre … Le groupe avait été dissous le 29 février 2012 et les avoirs de 26 d’entre eux ont été gelés, mais ils continuaient à suivre un entraînement physique, dans les parcs, les bois et recherchaient des armes » (La Provence)…
« Ce sont des Français qui s’entraînent sur le territoire. Il y avait des séances collectives d’aguerrissement, avec un discours très violent, un endoctrinement religieux… C’est un groupe constitué d’une véritable dangerosité »… « (cherchant à) se structurer de façon solide en voulant nommer des émirs dans chaque région » ! Curieux au final de devoir préciser que ces gens sont des Français… ce qui, traduit de la langue de bois, signifie qu’ils sont des citoyens de papier, de convenance et de confort qui n’ont en aucun cas leur place sur le territoire national, sauf trouble complaisance de la part d’autorités publiques ayant délaissé leur rôle légal et leur mission régalienne, pour de funestes manipulations. Eh oui ! Pourquoi les membres de la « secte » Forsane Alizza n’ont-ils pas été déchus d’une nationalité qu’ils déshonoraient ?
Terreur fabriquée, peurs manipulées
La « terreur fabriquée » : des cellules pistées dès l’origine sont délibérément laissées en France la bride sur le cou, et peut-être encouragées… La piste israélienne reste à suivre et à explorer : pourquoi les Services spéciaux auraient-ils facilité un séjour — fût-il court ! — de Mérah sur le territoire de l’État hébreu ? Dans quel but ? Dans le cadre de quelle opération ou de quel « montage » ? Il est assez clair au final que cette affaire déborde largement le cadre d’une affaire limitée à la seule région de Toulouse avec pour protagoniste un délinquant qui se serait auto-converti au djihadisme en prison et ce, jusqu’à perpétrer de sang froid sept meurtres particulièrement retentissants, à l’exécution sans faille pour mieux se faire cueillir à domicile où il attendait sagement les forces de l’ordre… Étrangement curieux pour un homme qui avait eu l’habileté de ne pas laisser la moindre empreinte, digitale ou génétique, sur les étuis des munitions ayant garni ses chargeurs !
Merah : Une affaire qui commence
Gardons-nous cependant de trop d’extrapolations. Trop de gens s’emploient à brouiller les pistes en multipliant notamment les hypothèses les plus échevelées, histoire de nous faire perdre le fil conducteur de la logique sans lequel il n’existe point d’issue dans le labyrinthe du mensonge. L’affaire Merah ne fait que commencer et nous devons rester vigilants pour ne pas nous laisser enfermer dans le piège de l’une de ces nouvelles légendes surgissantes au détour de l’actualité, avec son cortège de guerres annexes, de religions révélées qui foisonnent depuis un certain 11 Septembre…
www.geopolintel.fr, 10 avril 2012