Chaque religion patriarcale terrestre a son maître fondateur : Bouddha, Krist… Chacune revendiquant l’universalité de son enseignement, des rivalités souvent meurtrières ont entaché notre civilisation.
Ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas les différentes religions patriarcales mais l’authentique origine de leurs textes sacrés remontant à la protohistoire. Tous les hommes d’exception ayant marqué l’histoire religieuse de Occident, du Moyen-Orient et de l’Asie sont nés de vierges ou de femmes dites immaculées. Ces dernières pratiquaient donc une spiritualité issue d’ordres sacerdotaux féminins bien avant qu’elles n’enfantent. Ces enseignements sont pourtant ignorés, cachés, voire totalement effacés des textes dits sacrés de notre ère. Dans les évangiles, il n’est jamais question de la spiritualité de la vierge Marie. Dans le Coran (selon M. Guignard coran = ko runar signifiant « runes des vierges »), il n’est jamais fait explicitement mention de l’ordre sacerdotal de la mère de Mahomet. Dans les sutra bouddhistes la mère du Bouddha, Maïa, est simplement passée sous silence et une habile confusion est entretenue avec le sanskrit Maya qui signifie illusion… De plus, Yama (inversion syllabique de Maya) est le maître des enfers dans le bouddhisme… Ainsi, la question de sa véritable pratique sacerdotale est évacuée.
En résumé, tous les corpus sacrés eurasiens patriarcaux ont évacué les lignées sacerdotales féminines à partir desquelles naquirent des êtres d’exception.
Quelles étaient ces femmes dites « vierges » ? Que pratiquaient-elles ? Comment engendraient-elles un être spirituel d’exception ? Comment était-il éduqué, selon quels principes et préceptes spirituels ?
En orientant notre recherche sur la spiritualité des vierges mères, on peut retrouver l’authentique enseignement des « fils de Dieu ». Pour recevoir une telle épithète, ils étaient aussi nécessairement des « fils de Déesse ». D’ailleurs, le culte druidique de la vierge, préservé dans le Catholicisme, est un culte à la déesse mère, tout comme les cultes d’Anna, Eva, Maïa, Héra, Rhéa, Frigg, Artémis, Sophia, Aphrodite, Isis, Ishtar, Allat, Tara, Kwanying, etc.
Le culte marial, sous différentes variantes culturelles, est commun à toute l’Eurasie et au Moyen-Orient. Les cercles sacerdotaux des vierges, quelle que fut la déesse pratiquée, formaient une lignée ininterrompue depuis la protohistoire. Toutes pratiquaient un culte à la vierge céleste primordiale, afin d’engendrer des enfants divins destinés à élever spirituellement la civilisation. Les cercles de vierges et les maternités sacrées constituaient le noyau politico-spirituel des cités antiques, bien avant l’émergence des états et des empires centralisés.
Organisation politico-spirituelle lydo-étrusque
D’après les travaux de M. Guignard, (Comment j’ai déchiffré la langue étrusque) bien avant l’ère chrétienne, dans chaque cité lydo-étrusque, 12 grands prêtres se réunissaient autour d’un druide. Selon l’auteur, le terme druide est issu du proto-celte « drós-sith » qui signifie « religion de la vierge ». Un druide était l’enfant d’une vierge. Cela faisait de lui un guide politico-spirituel exerçant sous le contrôle de sa mère nommée : grande vestale, amma ou druidesse. Chaque cité étrusque était organisée de la sorte bien avant l’Empire Romain. Dans cet ordre politico-religieux, aucun homme ne pouvait être hiérarchiquement et spirituellement supérieur à la grande prêtresse.
Il va de soi que la Chrétienté originelle est issue de cette tradition protohistorique.
Le Krist était considéré comme un druide entouré de ses douze grands prêtres (les douze apôtres), supervisés par sa mère la Vierge Marie, grande prêtresse de l’Artémisium. Par ailleurs, le Krist était entouré de trois sœurs nommées Marie-Madeleine, Marie-Salomé et Marie-Jacobé. Le théonyme Marie qualifiait les vierges formées à l’Artémisium ou à l’Heraion. La naissance du Krist ne marqua donc pas un renouveau religieux mais revivifia une tradition se perpétuant depuis des millénaires.
Hostilité des empereurs romains
Le modèle patriarcal romain ne pouvait tolérer que des prêtresses soient au-dessus de l’autorité de Rome. S’ensuivit une persécution des premiers Chrétiens « matriarcaux » qui avaient la même tradition religieuse féminine que les Germains en guerre contre Rome. Les premiers Chrétiens étaient considérés comme une cinquième colonne à l’intérieur de l’Empire.
Rome décida donc de détruire progressivement tous les temples des ordres sacerdotaux féminins à l’intérieur de l’Empire. Il fallait également réécrire l’histoire du Krist en coupant tout lien avec la tradition primordiale. De concile en concile, on effaça l’origine gauloise du Krist, on supprima toute filiation de sa mère avec les temples féminins antiques et on déclara que Marie- Madeleine était une prostituée. Enfin, on inventa un Christianisme patriarcal sanglant en prenant soin d’effacer l’origine féminine des textes sacrés.
On diabolisa les cercles sacerdotaux féminins. S’en suivirent des chasses aux sorcières meurtrières d’une cruauté indicible à l’égard des femmes. Puis, le nouveau dogme voulu par Rome fut enfin imposé à l’Empire. Tout ce qui relevait des sciences antiques et du culte à la vierge cosmique fut taxé d’hérésie et atrocement réprimé. Par inversion et travestissement des enseignements originels, une Chrétienté patriarcale vit le jour. Elle correspondait aux souhaits des empereurs qui pouvaient à la fois incarner les pouvoirs temporel et spirituel. Le Césaro-Papisme allait régner jusqu’à nos jours.
Ordres matriarcaux des bâtisseurs
Cependant, Rome ne pouvait pas tout contrôler. L’Empire avait besoin de guildes savantes, détentrices de connaissances dans de multiples domaines. Il se devait d’être « relativement tolérant » à leur égard car leur savoir était essentiel à la gloire de Rome. Il fallait procéder avec doigté, progressivement… Or, ces guildes gauloises, étrusques ou germaniques ont toujours fonctionné avec des ordres sacerdotaux féminins. Chaque groupe de compagnons est toujours supervisé par une « mère ». Cette tradition, dont les savoirs remontent à la plus haute antiquité, a perduré jusqu’à nos jours pour les guildes les plus secrètes et les plus érudites.
À l’insu des papes de Rome, nombre d’églises et basiliques romanes furent construites en encodant les lois du culte à la vierge cosmique. Ce qui ne pouvait être dit était crypté dans des structures architecturales, afin que la tradition ne se perde pas. Seuls de futurs initiés sauraient décoder cette architecture et retrouver le chemin de la tradition originelle. Plus proche de nous, les cathédrales furent érigées à la gloire de cette même tradition primordiale encodant l’alchimie, les rituels à la déesse mère, les pratiques spirituelles, énergétiques et parapsychiques, etc.
Ces édifices bientôt millénaires, qu’aucun moderne ne saurait reproduire, témoignent de la pugnacité, de l’opiniâtreté, de l’érudition et d’un savoir-faire dont l’unique objectif fut de révéler au monde une tradition visant l’élévation spirituelle de la civilisation. Ces édifices construits à la gloire de la féminité sacrée nous relient aux mondes célestes de la Vierge cosmique primordiale. Ils sont malheureusement aujourd’hui tous occupés par des religieux patriarcaux qui n’ont jamais eu conscience qu’ils officiaient dans des temples dédiés à la déesse mère. Ces architectures avaient pourtant été conçues pour y installer de gigantesques vierges trônantes ou des Krist trônants, à l’image de la statue chryséléphantine de Zeus à Olympie. Les cathédrales sont nos Artémisium et nos Heraion modernes.
Frédéric Morin & Romuald Skotarek
Morphéus n° 116, mars 2023