Le projet insensé de libéralisation totale que l’oligarchie veut imposer à l’Europe consiste ni plus ni moins à mettre le marché du travail européen aux normes chinoises. Dernier îlot de résistance, le modèle social français hérité de l’après-guerre garantissant une protection sociale minimale, des retraites et des salaires décents est condamné à disparaître à moyen terme. Les économies exigées de la France par la Commission Européenne auront des effets dévastateurs en condamnant à la précarité à vie des millions de personnes. Cette gigantesque casse sociale a aussi une visée plus immédiate : préparer la France au Grand Marché Transatlantique dont le lancement est prévu en 2015.
Négocié en secret, le Grand Marché Transatlantique dérégulé, sans droits de douane et sans barrières à la circulation des capitaux et des marchandises, consacrera la suprématie des intérêts du marché sur le droit des États nationaux.
Les plans d’austérité se succèdent en Europe et les cibles restent invariablement les mêmes : les salaires, les retraites et la protection sociale. Les propositions franco-allemandes prévoient plus de flexibilité (précarité) du marché du travail, une énième remise en cause des 35 heures et un gel des salaires pendant 3 ans. En cause : la situation économique de la France et le dérapage de son budget, « sérieux motifs d’inquiétude pour l’Allemagne » et qui vaudra sans doute à la France une nouvelle salve de sanctions de la part de la Commission Européenne.
Le grand écart entre les promesses du candidat Hollande et la politique réellement menée, a de quoi laisser perplexe. Cependant cette nouvelle cure d’austérité programmée est largement dictée par la Commission Européenne qui a jugé une nouvelle fois le budget de la France non-conforme aux dispositions du pacte de stabilité et de croissance. Conséquence de ces contraintes imposées par Bruxelles, des millions de Français vont subir un effondrement de leur niveau de vie du fait de la stagnation économique.
Dans ce contexte, choisir au poste de Premier ministre un homme qui se place en héritier de Georges Clémenceau — celui qui a fait envoyer la troupe contre les mineurs en grève de Courrière — et placer au poste de ministre de l’Économie et de l’Industrie un ancien cadre de la banque Rothschild doivent se lire comme des signaux de bonne volonté envoyés aux marchés financiers…
Le cauchemar de l’Europe Unifiée dessine en creux la seule voie praticable : recouvrer une souveraineté monétaire en abandonnant la monnaie unique, une souveraineté politique en quittant l’UE, une souveraineté militaire en quittant l’OTAN, une souveraineté économique en rétablissant les droits de douane et une souveraineté financière en abrogeant la loi de Pompidou-Rotschild 1973 qui oblige l’État français à emprunter sur les marchés privés, entièrement à l’origine de la dette actuelle !
Nicolas Bourgoin, docteur de l’École des hautes
études en sciences sociales, 27 nov 2014