L’ONU s’est réunie, pour discuter d’une définition des armes autonomes. Certains pays, États-Unis et Russie en tête, misent déjà sur ces technologies développées grâce à l’intelligence artificielle pour changer la face de la guerre. Plusieurs ONG et personnalités demandent, elles, un moratoire voire une interdiction.

Le 9 avril 2018, l’ONU a lancé une nouvelle série de discussions officielles sur les armes autonomes, également appelées « robots tueurs », avec pour objectif de mieux parvenir à définir leurs caractéristiques. En novembre dernier, les Nations unies avaient organisé une première série de discussions sur ces systèmes d’armement automatisés et avaient décidé de poursuivre ces débats, tout en reconnaissant que la perspective d’un traité régissant leur utilisation restait lointaine.

Les systèmes d’armement automatisés ont la capacité d’identifier et d’éliminer des cibles sans qu’une action humaine soit nécessaire et ils devraient prochainement être opérationnels sur les champs de bataille, selon des experts. A Genève, les ONG ont critiqué la lenteur des discussions, qui sont organisées dans le cadre de la Convention sur Certaines Armes Classiques (CCAC).

Mise en garde

Alors que le nombre d’États réclamant une interdiction totale des « robots tueurs » est en augmentation, le secteur privé et le monde universitaire s’inquiètent de plus en plus de la menace que représentent les armes reposant entièrement sur le renseignement des machines pour décider de ce qu’il faut tuer. En août dernier, une centaine de responsables d’entreprises de robotique ou spécialisées dans l’intelligence artificielle, dont le milliardaire Elon Musk, avaient écrit une lettre ouverte aux Nations Unies pour mettre en garde contre les dangers des armes autonomes.

Mais les pays qui semblent être les plus avancés dans le domaine, comme les États-Unis, la Chine, la Russie et Israël, ne se sont pour l’instant pas engagés à limiter l’utilisation de ces armes.

D’autres sessions sont prévues en 2018, et les activistes « anti-robot tueur » espèrent que les États décideront cette année d’entamer des négociations en vue d’élaborer un traité juridiquement contraignant.

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Morphéus n° 88, juillet-août 2018