Diverses recherches sur les variations climatiques terrestres ont abouti à cette conclusion que, vers 6500 av. J.-C., avait eu lieu une vaste fonte inexpliquée des glaces, tant au Groenland que dans l’ensemble des régions polaires. Le niveau des océans monta d’une cinquantaine de mètres sur la totalité du globe. Cela explique l’une des traditions concernant un important déluge, encore signalé dans les récits des populations de plusieurs continents. Des migrations s’ensuivirent et, pendant près de deux millénaires, s’installèrent dans l’Hyperborée. Ils formèrent les noyaux ancestraux des Celtes et des Lydiens. Une nouvelle reprise de glaciation, au cinquième millénaire avant notre ère, contraignit ces populations à se diriger vers d’autres contrées plus clémentes et notamment vers l’Europe.

Les calendriers mégalithiques protohistoriques

Dès qu’ils arrivèrent en Europe, les Hyperboréens commencèrent par ériger, sur des buttes dominant une plaine ou un fleuve, des calendriers solaires constitués de douze menhirs, disposés de manière à dessiner sur le sol une courbe elliptique de faible excentricité. Ces calendriers mégalithiques étaient entourés d’une vaste galerie circulaire en bois, d’où des prêtres-astronomes pouvaient suivre les déplacements des ombres projetées par les menhirs, durant les journées ensoleillées. Ces galeries en bois furent les embryons des temples celtiques. Elles furent aussi utilisées chez les Étrusques. Sur les menhirs calendériques étaient parfois gravés les noms des mois et des saisons, avec des précisions sur les solstices.

Pendant la première période de l’occupation romaine, les calendriers mégalithiques furent respectés. Leur aspect païen ne gênait guère l’administration impériale. Les légionnaires avaient d’autres occupations plus immédiates que de démanteler des ensembles de vieux cromlechs, ces pierres dressées disposées en cercle.

Malheureusement, lorsque Constantin se convertit au judéo-christianisme, les évêques et les évangélisateurs s’efforcèrent d’investir à leur profit tous ces lieux déjà sacralisés par les calendriers mégalithiques et la ferveur des populations. Ainsi, à partir du début du IVsiècle, l’Église érigea sur les groupes de vieux menhirs les premières églises et cathédrales romanes.

La cathédrale de Chartres repose sur 12 menhirs

L’ancien jubé de la cathédrale de Chartres était une copie de l’ancien calendrier celtique qui avait été sculpté dans le nouveau style odinique. Les douze menhirs à l’origine de ce calendrier originel sont toujours encastrés dans les fondations de la cathédrale.

Au début du XVsiècle, après une secousse sismique locale, l’architecte Jon Guignard put pénétrer dans l’ancienne crypte des menhirs. Il constata qu’ils formaient une courbe de faible excentricité. Des runes corniques (langue ancestrale des Cornouailles) étaient gravées sur les faces des menhirs tournées vers le centre de la crypte, accompagnées de figures géométriques ciselées avec finesse. Après différents relevés, la crypte fut à nouveau murée. Ces faits furent consignés dans les archives des notaires chartrains Guygnard, qui couvrent plus de deux siècles, de l’an 1380 à l’an 1600.

Pourtant, un souterrain oublié donnait encore accès à la salle des mégalithes. En 1957, Maurice Guignard y pénétra avec difficulté, en partant des sous-sols de l’ancien immeuble des Contributions Directes. Puis la même année, l’accès fut définitivement condamné. Ce souterrain était connu de sa mère, Laure Morin (1884-1974), qui s’était jadis perdue dans le couloir conduisant à la crypte en 1893.

Cette redécouverte de la crypte rappelle que six siècles auparavant Jon Guygnard, aïeul de Maurice Guignard, avait noté que Chartres était un nom dérivant du protoceltique karn et du vieux breton oad, qu’on peut traduire par « cercle mégalithique » ou « pierres du temps »). Le mot karnod donna son nom au peuple des Carnutes. De plus, Chartres avait des villes sœurs qui possédaient des calendriers archaïques semblables. Telles furent Carnoët (breton Karnoed) en Bretagne, Chartres-de-Bretagne (breton Karnod, gallo Chartr) au sud de Rennes et La Chartres-sur-le-Loir entre Le Mans et Tours.

Des menhirs druidiques sous la cathédrale du Mans

Le nom du Mans dérive du vieux gallois maen et du proto norrois saliR, ce qui donne « halle des pierres ou des menhirs ». Quand on projeta d’élever la cathédrale romane sur la colline qui domine la Sarthe et sur laquelle se trouvait un ensemble mégalithique, les populations manifestèrent leur irritation et s’opposèrent d’abord à la construction d’une église sur un lieu consacré au Paganisme. Il fallut à ce moment un effort particulier de prédication, puis, afin de ménager les susceptibilités, les évêques constructeurs laissèrent un menhir à l’air libre, non loin du portail. Il s’y trouve encore de nos jours. Jusqu’à la première guerre mondiale, certains paysans du Saosnois saxons venaient y faire des libations.

Les mégalithes du temps de Paderborn

Différents noms de villes sont associés au terme pad (protobrittonique pat = durée). La diffusion de cette racine étymologique demeure un indice montrant les lointaines expansions à travers l’Europe d’une langue et d’une culture protoceltiques. À ce propos, la langue bretonne nous guide, puisque l’on y découvre le mot pad qui signifie « période, temps, durée ». Ce terme ne s’est pas transmis aux langues germaniques actuelles mais on peut le déceler dans le vieil anglo-saxon.

Par la toponymie, en utilisant les racines protoceltiques, on peut retrouver les lieux où furent érigés les plus anciens calendriers, matérialisés par des sites mégalithiques, véritables « pierres du temps ».

À Paderborn, sur un site mégalithique, Charlemagne fit élever une première cathédrale romane dont les plans furent tracés par son gendre Eginhard. Plusieurs fois remaniée au cours des âges, la cathédrale possède une source tiède dans ses parties souterraines où sont encastré les mégalithes originels.

Ainsi, la désignation première de Paderborn est liée à la source d’eau chaude protoceltique entourée de menhirs. Plus tard, le mot pad se transforma en Pader et désigna la rivière où se déversait la source chaude. En protobrittonique et en protogermanique, nous avons pad-bonn qui signifie « lieu élevé (des calculs) du temps ». Puis, par dérivation phonétique, après les conversions forcées au Christianisme imposées par Charlemagne, les populations dirent plus simplement Paderborn, c’est-à-dire « fontaine de la Pader ».

Le temple du temps de Padoue

Padoue vient du vénitien Pâdova (pad = durée + vann (vieux breton) = colonne). Ce terme désigne les colonnes du temps à savoir le temple du calendrier. Bâtie au XVIsiècle, sur les dessins de Michel-Ange, la cathédrale de Padoue a été construite dans ses profondes assises sur douze menhirs colossaux.
En Grande-Bretagne, en pays cornique (Cornouailles), on trouve la ville de Padstow, qui possédait aussi un calendrier mégalithique. Plus à l’est, dans le comté de Middlesex, c’est une autre cité, Padiham, où était érigé un temple du temps. La parenté toponymique en atteste.

Le temple d’Apollon et l’oracle de Patara

Si, de l’Occident, nous nous dirigeons vers l’Asie Mineure, l’histoire nous rappelle l’existence du temple de Patara, où se trouvait implanté l’oracle le plus célèbre du monde hellénistique archaïque, après celui de Delphes. Patara fut fondée par des Doriens, apparentés eux-mêmes aux Spartiates issus de migrations protoceltiques. Ils refluèrent de la Thessalie au Péloponnèse, puis vers la Lycie. À Patara, on ne devait consulter l’oracle que pendant l’hiver car le temple était placé sous l’invocation d’Apollon hyperboréen, le dieu ancestral de la Celtide du nord, qui s’était développée après la débâcle glaciaire de 7000 av. J.-C. L’oracle hivernal était lié aux facultés parapsychiques des Pythies qui prospectaient mentalement l’avenir.
Il est ici particulièrement intéressant de constater que les racines du vieux breton peuvent, encore aujourd’hui, nous éclairer sur l’étymologie du mot Patara, qui est une contraction de paddaouroù (temps – dalles), signifiant mot à mot « les dalles du temps » !

Sous chapitres suivants :
Comptage et computation du temps : Reims et Rimini,
Remiremont : site protohistorique du calendrier,
Le calendrier de Vezelay,
Aux origines du calcul du temps.

© Morphéus n° 127, janvier 2025