Athéna était une déesse de la sagesse, des sciences et des arts, à l’image de son initiatrice Sophia. Le bouclier d’Athéna représente en son centre la tête de la Gorgone Méduse. Cette tête a une double signification. D’un point de vue physique, le serpent pique et paralyse. Dans ses Métamorphoses, Ovide raconte qu’avant de devenir Gorgone, Méduse était prêtresse d’Athéna et elle possédait une magnifique chevelure…
Pour saisir l’importance de ce détail, il faut revenir à Delphes, à l’automne de l’année –279 av. J.-C. C’est à cette date que la Grande Expédition des Gaulois Galates, dirigée par le chef Brennus, déferle sur le sud de l’Europe et attaque le temple d’Apollon. L’historien grec Pausanias nous en donne le récit, au chapitre XXIII, intitulé « Phocide », du Xe livre de « La description de la Grèce ». En Grèce antique, la Phocide était la région d’origine des fondateurs de Massalia, la prospère colonie phocéenne. Pausanias raconte :
- Contre Brennus et son armée se rangèrent ceux des Hellènes qui s’étaient réunis à Delphes, et le dieu se déclara promptement contre les barbares par les signes les plus manifestes que nous sachions : tout le terrain qu’occupait l’armée des Galates fut secoué violemment et pendant la plus grande partie du jour ; les grondements du tonnerre, les coups de foudre étaient continuels.
- Les premiers frappaient d’épouvante les Celtes et empêchaient leurs oreilles de saisir les ordres des chefs, et les [feux] du Ciel ne brûlaient pas seulement ceux sur qui ils tombaient, mais aussi ceux qui étaient auprès, et pareillement eux et leurs armes. Bien plus alors se montrèrent à eux des spectres de héros, Hyperochos, Laodocos et Pyrrhos : on en compte même encore un quatrième, Phylacos, le héros du pays des Delphi.
- Telles furent les misères, telle l’épouvante dont tout ce jour-là furent étreints les barbares ; mais la nuit devait les mettre à de plus douloureuses épreuves. Il fit un froid violent accompagné de neige. De grosses pierres roulèrent du haut du Parnasse, des roches pendantes qui s’en arrachèrent prirent pour cible les barbares, et ce n’est pas un ou deux seulement, mais trente et plus à la fois, selon qu’ils se trouvaient réunis au même lieu pour faire la garde ou prendre du repos, qui étaient abîmés sous cet assaut de roches.
- Ils campèrent à l’endroit où la nuit les avait surpris dans cette retraite ; et cette même nuit, ils furent pris d’une terreur panique (de Pan), « les frayeurs sans cause viennent », dit-on, de ce dieu. Ce trouble s’empara de leur armée dans l’obscurité profonde du soir. Le nombre ne fut pas grand d’abord de ceux dont l’esprit fut ainsi dévoyé, et qui s’imaginaient entendre un bruit de chevaux courant sur eux, et d’ennemis venant pour les attaquer. Mais peu à peu cette démence les envahit tous.
Dans ce récit, nous avons souligné quelques informations essentielles à notre explication. Pausanias raconte qu’Apollon se déclara contre les envahisseurs. Cela signifie que la Pythie avait reçu une communication médiumnique du dieu et de sa communauté spirituelle. Ce sont donc les prêtresses du temple d’Apollon qui déchaînèrent contre les Galates les feux du Ciel, accompagnés de roulements de tonnerre, de vibrations du sol et de chutes de rochers qui tombèrent du Mont Parnasse, la montagne sacrée d’Apollon.
Il décrit précisément l’effet de pointe sur les armes en métal : glaives et boucliers. En résumé, en ce jour fatidique qui stoppa net leur invasion, le Ciel est tombé sur la tête des Galates, ce qui déclencha leur terreur, car ils reconnaissaient les prodiges dont leurs druides étaient capables. Pausanias décrit aussi une manipulation météorologique provoquant du froid, de la grêle et de la neige. Cela aussi, les Galates en avaient une parfaite connaissance. Il est même fortement probable que des nappes de magnétisme furent utilisées pour faciliter les manifestations spectrales issues de l’au-delà…
© extrait Romuald Skotarek, Morphéus n° 110.
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