Dans un communiqué publié en marge de la sortie, mardi 18 août 2015, d’un numéro spécial de la revue Vaccine et dont elle est le rédacteur invité, l’OMS déplore « La peur et le scepticisme grandissants suscités par les vaccins à travers le monde entraînent une « hésitation » poussant certaines personnes à retarder ou même à refuser une vaccination sûre malgré sa disponibilité ».

« Il s’agit d’un problème complexe », qui ne saurait se résoudre par le biais d’une réponse unique ou d’une « recette miracle », pour lutter contre ce phénomène qui touche toutes les classes sociales, tous les groupes religieux et tous les États. Contrairement à ce que l’on a tendance à penser, ces hésitations ne sont pas l’apanage des pays riches, trop gâtés par des années d’éradication de maladies contre lesquelles il existe un vaccin.

Pour tenter d’apporter une réponse à ce phénomène, l’OMS préconise le dialogue avec les communautés. « Comme l’a tragiquement montré la récente crise Ebola, il est essentiel de collaborer avec les communautés et de persuader les individus de changer d’habitudes et de comportements pour remporter des succès en santé publique ».

L’OMS propose ainsi d’intégrer les responsables religieux et autres leaders influents à la promotion du vaccin dans les communautés. Elle souhaite également utiliser les médias de masse pour prodiguer les messages sanitaires, mais aussi améliorer la commodité et l’accès aux vaccins dans les États. Sa stratégie pourrait enfin consister à rendre la vaccination obligatoire et à punir les anti-vaccins.

Pour commencer, l’OMS va d’abord publier en septembre une note de synthèse sur l’atténuation de la douleur lors d’une piqûre, afin de rassurer ceux qui y verraient un obstacle à la vaccination.

Nul doute qu’avec une telle stratégie coercitive, l’OMS sera confrontée à une puissante vague de désobéissance civile, voire de réactions plus radicales en direction de cette institution internationale nommée « le bateau ivre de la santé ».

La France de François Hollande et sa ministre Touraine suivra-t-elle ces conseils de l’OMS ? Rendra-t-elle obligatoire davantage de vaccins ? Les français accepteront-ils de se laisser faire ? Le Conseil constitutionnel retiendra-t-il le caractère constitutionnel d’obligations vaccinales qui ne seraient pas précédées de l’obligation d’apporter une information claire, loyale et appropriée sur les effets secondaires des vaccins ?

Le 1er août, la ministre nous annonçait dans Le Parisien l’ouverture d’un grand débat à la rentrée de septembre pour relancer la vaccination, à la suite de la remise du rapport de la députée Hurel.

« Il est capital qu’il y ait des échanges et des réponses aux questions des citoyens, dans une complète transparence. Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées. Pour ce travail, je souhaite avancer avec les médecins. S’ils sont massivement favorables à la vaccination, et ils en sont des acteurs essentiels, ils ont eux-mêmes besoin d’être informés, formés, accompagnés. »

Après avoir déclaré que la vaccination est fondamentale, Mme Touraine affirme qu’elle ne va pas fermer le débat avant de l’avoir ouvert.

« Pour parvenir à un système vaccinal sans faille, il faut absolument parvenir à l’adhésion de chacun, et il ne suffit pas d’asséner des objectifs pour convaincre. »

La ministre ne remet cependant pas en cause l’information du corps médical confiée aux laboratoires par l’Ordre des médecins et que les médecins doivent fournir aux patients (loi du 3 mars 2002 et surtout arrêts de la Cour de cassation de février et octobre 1997). Or, selon Michel le Duff, chef du service de pharmacie du CHU de Rennes et directeur du centre régional d’information sur le médicament (C.r.i.m) :

« Il y a bien une obligation légale d’informer les médecins de l’ensemble des données « officielles » communiquées à l’Agence de sécurité sanitaire des médicaments avant la commercialisation. Mais on estime que les labos ne communiquent que 1 % de leurs données. »

Pour recouvrer la confiance du citoyen en matière de santé, la transparence est de règle et passe donc par le strict respect du devoir d’information préalable sur la composition et les effets secondaires mineurs et majeurs des vaccins — comme des médicaments — afin de permettre au patient d’apporter son consentement ou son refus éclairés.

Ce devoir concerne également ceux qui réalisent la prescription et par conséquent les autorités sanitaires, le Gouvernement, et le président de la République, enfin libérés du joug oppressant des lobbies pharmaceutiques. Souhaitons leur bon courage.

Dr Marc Vercoutère, 18 août 2015